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, Les conflits au temps des médias sociaux, Agence Minimal

2022-03-21 16:07 / Par Minimal

Les conflits au temps des médias sociaux

L’utilisation des réseaux sociaux en temps de conflit n’est pas chose nouvelle. Pendant le printemps arabe et la guerre civile syrienne en cours, divers partis les ont utilisés pour organiser des manifestations et influencer l’opinion publique en leur faveur. Le retrait des troupes en Afghanistan est l’un des derniers événements militaires à avoir été consommé sur les plateformes sociales. 

Ce qui se passe avec le conflit en Ukraine est différent. Les médias sociaux ne sont plus qu’une simple plateforme additionnelle pour relayer l’information des grands médias: les événements se déploient en direct sous nos yeux. De simples spectateurs passifs, nous sommes maintenant en mesure d’accompagner et surtout de converser et d’échanger avec les Ukrainiens qui nous ouvrent la porte de leur nouvelle réalité. 

 

La réalité en direct de nos téléphones

Dès les premiers moments de ce conflit, il a été clair que celui-ci serait bien différent d’un point de vue informatif. Les vidéos se sont mises à pleuvoir sur Tik Tok et Twitter. On y voyait en direct l’arrivée des tanks en territoire Ukrainien, les premiers missiles à voler au-dessus des villes. Ces extraits présentent un montage de la vie soudainement en temps de guerre. Ils évoquent la façon dont nous pourrions nous-mêmes réagir dans des circonstances similaires, équipés uniquement d’une caméra de téléphone. 

 

Quand la propagande et la désinformation s’en mêlent

Toutefois, regarder un conflit sur un écran est compliqué. Si cela peut approfondir notre empathie, conduire à une plus grande aide philanthropique et encourager le pacifisme, cela peut aussi être source de manipulation, de désinformation, voir d’inertie. 

Par exemple, des vidéos de l’invasion de la Crimée par la Russie et de l’explosion à Beyrouth en 2020 ont été largement partagées, prétendant provenir du conflit actuel. L’une des façons de déterminer si une vidéo est réelle ou non est de rechercher des indices comme la météo, les panneaux de signalisation et les langues parlées. Et surtout, de vérifier la source. 

En effet, la Russie travaille fort pour contrôler le récit de l’histoire chez elle et ailleurs dans le monde. Cela passe notamment par une répression des plateformes médiatiques non étatiques, visant à vendre aux Russes l’idée que son opération vise à « dénazifier » l’Ukraine et à arrêter un génocide en cours. Toujours dans un objectif de contrôle de l’opinion publique en Russie, Poutine a bloqué l’accès à Facebook et limité l’accès à Twitter. Il a également signé une loi interdisant l’utilisation du mot « guerre » en référence aux actions russes en Ukraine et punissant toute personne qui publie de « fausses informations » jusqu’à 15 ans de prison.

 

Des plateformes performantes pour les citoyens et le président

Ceci pose un contraste immense avec Volodymyr Zelensky, le Président de l’Ukraine qui, depuis le début du conflit, utilise son compte Twitter pour rallier les Ukrainiens de tous les jours pour défendre leurs maisons. Les vidéos et les messages du président ukrainien sont d’ailleurs devenus viraux sur Internet, générant une sympathie mondiale pour l’Ukraine. Son compte Twitter est passé de 300 000 à 5 millions d’abonnés en quelques jours.

 

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Plusieurs citoyens ukrainiens bien ordinaires qui nous ont ouvert la porte sur la réalité de vivre en temps de conflit ont également vu leurs abonnés monter en flèche.

C’est le cas de la photographe ukrainienne Valeria Shashenok. Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, la jeune femme dans la vingtaine raconte son quotidien sous les bombardements de la ville de Tchernihiv.  En musique et avec une pointe d’humour noir, elle décrit « une journée ordinaire dans un abri anti-missiles » ou prodigue des conseils sur « ce qu’il faut acheter dans un supermarché en temps de guerre » à ses abonnés, qui ont d’ailleurs passé de 300 000 à plus de 826 000 en quelques jours à peine. 

 

Les médias sociaux en aide aux Ukrainiens

Si les médias sociaux ont comme effet de nous projeter directement dans la réalité de la guerre, ils permettent, comme l’histoire l’a souvent démontré, d’accomplir de grandes choses. Dès les premières heures du conflit, les utilisateurs des médias sociaux vivant dans les pays proches de l’Ukraine ont commencé à mettre en place des réseaux en ligne pour soutenir les réfugiés. En moins de quelques heures, au moins 100 000 personnes s’étaient inscrites à divers groupes sur Facebook et d’autres plateformes, offrant leur maison, leur argent et leur covoiturage aux Ukrainiens fuyant l’invasion russe.

Christian Borys, un journaliste canadien d’origine ukrainienne, a lancé la semaine dernière le magasin de marchandises Saint Javelin pour envoyer des fonds aux orphelins d’anciens combattants ukrainiens décédés, alors qu’il assistait à une escalade des tensions entre l’Ukraine et la Russie. Après avoir mis en place rapidement sa boutique Shopify, il s’est réveillé le lendemain avec un millier de commandes. En date du 7 mars, c’est plus d’un million de dollars qui avaient été amassés.

Lorsque le compte Twitter du gouvernement ukrainien a tweeté pour demander des dons en crypto-monnaies, les gens ont versé 9,9 millions de dollars en deux jours. (Il dépasse maintenant les 20 millions.) Lorsque le ministre ukrainien de la transformation numérique a annoncé la création d’une «armée informatique» volontaire pour la cyberdéfense et les attaques, 175 000 personnes ont rejoint la chaîne Telegram. 

Un tweet de Quentin Tarentino invitant les gens à réserver des nuitées dans des logements sur Airbnb pour donner de l’argent directement aux Ukrainiens a fait boule de neige. En quelques heures, il avait reçu plus de 35 000 likes et 10 000 retweets. Dès le début mars, plus de 61 400 nuits avaient été réservées en Ukraine, selon le PDG d’Airbnb, Brian Chesky. Le même phénomène s’est produit sur les boutiques Etsy de créateurs ukrainiens. 

Ce conflit que certains surnomment la « Première Guerre Tik Tok » restera dans l’histoire comme le premier à avoir été documenté en temps réel. Mais que restera-t-il de ces images de réfugiés sur la route, d’enfants sous les bombardements ou de combattants épuisés ? On n’en sait rien pour l’instant. Par contre, alors que les forces russes se rapprochent de Kiev, que des journalistes américains ont récemment été tués ou gravement blessés, les grands médias commencent de plus en plus à mettre leurs journalistes en sécurité. Les médias sociaux, bien que chroniqueurs imparfaits de la guerre, resteront peut-être, dans certains cas, la source la plus fiable dont nous disposons.

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